(AOF) - Kering (-1,37%, à 308,70 euros) affiche une des plus fortes baisses du CAC 40 après la publication d'une note d'Oddo BHF. Le broker a maintenu sa recommandation à Neutre avec un objectif de cours à 322 euros. "Un quatrième trimestre en ligne avec le troisième trimestre en dépit de la base de comparaison semble devoir être la norme pour le secteur à ce stade, ce qui implique que la trajectoire d'activité de Kering reste encore loin de rattraper celle du secteur (nous attendons Gucci encore en négatif à deux chiffres sur le quatrième trimestre à -11% à taux de change constant).
"Certes, le nouveau management a agi rapidement pour désendetter le groupe et sur la base d'une feuille de route qu'il va présenter au printemps 2026, semble en mesure de conduire une action énergique pour redresser la performance de ses marques. L'ampleur du redressement à attendre de l'activité et des résultats dans une perspective à 3 ans (soit un horizon 2028) est forcément difficile à quantifier à ce stade et peut se prêter à une gamme étendue de scénarios", poursuit le broker pour justifier sa décision.
En outre, selon les prévisions d'Oddo BHF, l'Ebit de Kering devrait passer de 1,576 milliard d'euros en 2025, à 2,977 milliards d'euros d'ici 2028. "Sur la base de ces chiffres, l'action s'échange avec un ratio cours/bénéfice (P/E) d'environ 21x pour l'exercice 2028, ce qui représente une légère prime par rapport à la valorisation de LVMH. Il nous paraît franchement trop tôt à ce stade pour tabler sur des hypothèses plus optimistes dans le contexte d'une croissance secteur que nous ne voyons pas dépasser 5 à 7 % par an sur la période", détaille ensuite le broker.
En octobre dernier, Kering avait dévoilé ses ventes du troisième trimestre qui se sont avérées bien décevantes. Sur cette période, elles s'élevaient à 3,4 milliards d'euros, en recul de 10% en données publiées et de 5% en comparable (compte tenu d'un effet de change négatif de 5%). "La baisse de 5% en comparable du chiffre d'affaires au troisième trimestre constitue pour autant une forte amélioration séquentielle (-15% au deuxième trimestre 2025), dont environ la moitié s'explique par la performance des Maisons, au-delà des bases de comparaison favorables", expliquait le groupe de luxe.
En outre, Gucci, la marque phare de Kering, a enregistré sur ce trimestre un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros, soit un recul de 18% en données publiées et de 14% en comparable. "Les ventes dans le réseau en propre s'inscrivent en baisse de 13% en comparable, en nette amélioration séquentielle par rapport au second trimestre, notamment grâce à une meilleure dynamique en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest et au succès des nouveautés, en particulier dans la maroquinerie. Les ventes dans le réseau Wholesale sont en retrait de 25% en comparable", précise Kering sur ces ventes de Gucci.
"La performance de Kering au troisième trimestre, bien qu'en nette amélioration séquentielle, demeure en deçà de celle du marché. Cela renforce ma détermination à agir à tous les niveaux de l'entreprise afin de redonner à nos Maisons et à Kering la place qu'ils méritent. Nous travaillons sans relâche à notre redressement", avait déclaré le directeur général Luca Di Meo il y a deux mois.
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En savoir plus sur Kering
Points clés
- Groupe de luxe né en 1963 propriétaire des marques Balenciaga, Bottega Veneta, Gucci ou Yves-Saint-Laurent ;
- Chiffre d'affaires de 17,2 Mds€ réalisé à 30% en Asie-Pacifique, 8% au Japon, 29% en Europe et 24% en Amérique du nord, avec 91% des ventes dans le réseau en propre ;
- Modèle d'affaires de « pure player » du luxe, fondé sur une croissance organique mais supérieure à celle des marchés via l’autonomie créative des Maisons et les partenariats stratégiques ;
- Capital contrôlé à 42,2% (près de 59% des droits de vote) par la holding Aremis de la famille fondatrice, François-Henri Pinault présidant le conseil d’administration de 13 membres et Luca De Meo étant directeur général délégué depuis la mi-septembre.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires face à un recul des ventes supérieur au marché depuis deux ans :
- renouvellement des directeurs de collections et des directions générales dans les maisons phares – Yves Saint Laurent, Gucci, Balenciaga et Bottega Venetta, assorti d’un rajeunissement de l’offre, d’une hausse de la part de la maroquinerie dans les revenus, rationalisation de la distribution-logistique, e-commerce, réseau Wholesale
- réduction de 5% des coûts en 2025, du même montant qu’en 2024, avec fermeture de 80 magasins),
- flexibilité financière via cessions immobilières -3 Mds€ espérés en 2025, et travail sur la dette par refinancement des anciens emprunts, et cession des activités de parfumerie et beauté,
- montée en puissance de la lunetterie, lancée en 2015 : déjà 1,6 Mds€ de revenus pour le 2ème acteur mondial, et accord avec Google pour les lunettes intelligentes,
- Stratégie environnementale « Care for the planet » de neutralité totale en 2033 :
- réduction des impacts de la chaîne d’approvisionnement (pollution de l’air et de l’eau, gestion des déchets et utilisation des sols…),
- « Index de développement durable des fournisseurs » et traçabilité du bien-être animal et d’utilisation des produits chimiques,
- Materials Innovation Lab dédié aux montres et à la joaillerie, et au textile,
- soutien à la biodiversité, l’agriculture régénérative
- Bilan en cours de renforcement : la dette nette, ramenée à 9,5 Mds€ à fin juin, devant être allégée par la cession à L’Oréal, au 1er semestre 2026 et pour un montant de 4 Mds€, des activités parfums et produits de beauté portées par Maison Creed et des licences des autres Maisons (Balenciaga, Bottega Veneta, Gucci).
Défis
- Accueil des investisseurs au nouveau plan stratégique qui sera annoncé au 1er trimestre 2026, avec des précisions attendues sur la co-entreprise avec l’Oréal spécialisée dans la longévité et le bien-être dans le domaine du luxe ;
- Après la nomination, en septembre, de Francesca Bellettini, ex-PDG de Yves Saint-Laurent, à la tête de Gucci et 1er contributeur historique aux résultats, poursuite d’autres « ajustements » jusqu’à la fin 2025 ;
- Suivi du dossier Valentino détenu à 30 % avec option d’acquisition totale, l’exercice des options d’achat prévues pour 2026 et 2027 étant reportées de deux ans ;
- Face à la hausse des tarifs douaniers américains, hausse des prix de vente ;
- Incapacité persistante à remonter les ventes malgré le frein donné à la tendance baissière au 3ème trimestre marqué par un repli de 10 % (- 5 % hors impact des changes) du chiffre d’affaires ;
- Absence de prévisions chiffrées pour 2025 ;
- Dividende 2024 réduit de plus de la moitié à 6 €, après acompte de 2 €.

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